Le Casu Marzu figure sur la liste des aliments interdits à la vente par l’Union européenne, tout en étant servi lors de certaines célébrations familiales en Corse. Ce fromage utilise la présence de larves vivantes pour atteindre sa texture et sa saveur caractéristiques.Malgré des mises en garde sanitaires, il continue d’être produit selon des méthodes transmises de génération en génération. Sa fabrication repose sur une fermentation avancée, rendue possible uniquement par une intervention biologique bien particulière.
Plan de l'article
- Un fromage pas comme les autres : l’histoire et la tradition du casu marzu
- Comment naît le casu marzu ? Les secrets d’une fabrication unique avec asticots
- Saveurs, textures et sensations : à quoi s’attendre en dégustant ce fromage corse
- Entre fascination et controverse : enjeux sanitaires et place du casu marzu dans la culture corse
Un fromage pas comme les autres : l’histoire et la tradition du casu marzu
Le casu marzu, littéralement « fromage pourri », résume à lui seul l’attachement farouche de la Corse à ses coutumes. Ce nom brut résonne comme une déclaration d’identité : ici, l’insularité se cultive aussi à table, à petites bouchées, entre initiés. Loin des conventions et des étals réglementés, ce fromage traverse les générations à voix basse, transmis par ceux qui refusent d’abandonner leurs savoir-faire aux impératifs venus d’ailleurs. Préparer le casgiu merzu, c’est perpétuer une pratique têtue, une fierté que l’on réserve aux proches, jamais à qui veut soulever le couvercle.
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Sa légende s’ancre dans la terre corse et flirte avec la Sardaigne, mais l’âme du fromage corse avec asticots reste ici, modelée par chaque clan familiarisé avec des gestes précis. Recettes tues, dégustations confidentielles : parfois, un cercle d’amis autour de la table. Jamais une devanture. Ce produit n’appartient qu’à ceux qui savent l’accueillir.
Rien ne s’improvise dans la fabrication du fromage casu marzu. L’écrit n’a pas prise : tout se transmet à voix basse, dans des maisons où l’on connaît la patience et le goût du « faire soi-même ». Dans le maquis, le fromage accompagne des moments où le temps prend une densité particulière. Le lait sélectionné, le climat imparti, la patience des habitants : autant d’éléments qui expliquent la rareté de ce produit, dissident jusque dans sa manière de vieillir.
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Chaque pièce de marzu fromage est aussi unique que la main qui l’a façonnée ou le terroir qui l’a vu naître. Il en résulte bien plus qu’un aliment : c’est toute une mémoire qui s’invite à table, un bouclier contre la standardisation et une résistance à l’oubli.
Comment naît le casu marzu ? Les secrets d’une fabrication unique avec asticots
La naissance du casu marzu est le fruit d’une méthode ancestrale, où l’audace du berger rencontre la ruse de l’insecte. Tout débute avec un fromage de brebis bien affiné, déposé dans un lieu choisi pour attirer la minuscule mouche piophila casei. Les fabricants percent délibérément la croûte, facilitant l’accès aux larves, ces alliées inattendues chargées de métamorphoser le fromage.
Dès leur arrivée, les larves piophila casei s’activent ; la pâte commence à s’amollir, puis chaque jour à s’épaissir d’arômes. Peu à peu, elle devient crémeuse, presque liquide au centre selon les variantes. Les enzymes libérées par l’activité des asticots confèrent à ce fromage corse avec asticots une puissance et une originalité impossibles à retrouver ailleurs. Rien n’est laissé au hasard : les artisans contrôlent l’évolution, ajustant leur pratique à la météo, à l’humidité ambiante, à leur propre expérience de la saison.
Voici les grandes étapes à connaître pour comprendre la fabrication du casu marzu :
- Lait utilisé : le lait de brebis domine, mais certaines familles intègrent aussi du lait de chèvre.
- Transformation : la croûte percée permet aux mouches d’entrer, un geste essentiel au processus.
- Affinage : au rythme des larves, le fromage se transforme sans contrôle chimique ni recette figée.
Nul ne peut dupliquer parfaitement cette fabrication du casu marzu. Chaque fromage porte la trace de son lieu et de son époque, empreinte de ceux qui l’ont surveillé et attendu. Écrit nulle part, le secret voyage dans la mémoire collective, au fil d’histoires contées patiemment. Ce fromage corse asticots est une aventure en soi, tout sauf reproductible à grande échelle.
Saveurs, textures et sensations : à quoi s’attendre en dégustant ce fromage corse
Face au casu marzu, la surprise domine chez les novices comme chez les habitués. La croûte, fine et légèrement craquelée, dissimule une pâte qui, à la première entaille, révèle une douceur atypique : on découvre une texture crémeuse, parfois franchement coulante,loin des fromages de brebis à pâte compacte. Avec un morceau de pain, la pâte s’étale sans résistance, exhalant des vapeurs franches, denses, où se mélangent notes de cave et puissance animale.
La dégustation est directe, sans détour. En bouche, ce sont d’abord les saveurs lactées et l’acidité qui s’imposent, suivies de touches de noix, avec parfois un caractère animal prononcé. L’effet tactile, dû à la présence des larves vivantes, s’ajoute à l’expérience : un léger picotement, qui intrigue ou rebute selon les convives. Le fromage laisse une empreinte durable, un souvenir qui ne s’évapore pas aussitôt la bouchée avalée.
Voici ce qui compose l’expérience sensorielle du casu marzu :
- Texture : crémeuse, tendre, presque liquide par moments
- Arômes : lait maturé, noisette, humus, pointe de sous-bois
- Accord idéal : sur pain rustique, accompagné d’un vin corse de caractère, tel un Patrimonio
Un fromage casu ne ressemble à aucun autre. Certains parlent d’une « persistent fermentation », d’autres d’une présence qui s’impose et marque la chair. C’est un produit forgé par le temps et la géographie, qu’il faut accepter tel qu’il est : sans compromis, intensément authentique.
Entre fascination et controverse : enjeux sanitaires et place du casu marzu dans la culture corse
La présence vivante de larves dans le casu marzu ne cesse de faire débat. Il y a ceux qui saluent l’inventivité et la maîtrise de ce savoir-faire ancestral. D’autres affichent leur méfiance devant les risques liés à l’ingestion de larves de piophila casei. Tombé sous le coup de l’interdiction européenne, ce fromage a quitté les étals, mais pas la mémoire et les réseaux discrets où il circule parfois à prix d’or, sous le manteau.
Les textes officiels n’auront pas raison de cette tradition. À la Fiera di u Casgiu de Venaco, les Corses revendiquent encore ce pan de leur identité. Le casu marzu, façonné au secret, est devenu l’un des derniers bastions d’une culture qui refuse la dilution dans la norme. Chaque année, producteurs, passionnés et curieux se retrouvent pour en reparler, partager, goûter, et, parfois, débattre.
Le casgiu merzu occupe une autre place que les autres fromages corses traditionnels. Si le brocciu domine la table au fil des saisons, le casu marzu porte une charge symbolique incomparable. Ce n’est pas seulement un aliment : c’est la transmission du geste, du verbe, du goût de la différence. Goûter ce fromage, c’est renouer avec un récit collectif, affirmer sa singularité et entretenir la flamme d’une appartenance.
Qu’on s’en amuse ou qu’on le redoute, le casu marzu ne laisse personne indifférent. Il survit à l’interdit, bravant le temps et la réglementation, et continue, sous mille visages, d’habiter les souvenirs de la Corse. La dernière bouchée laissera toujours deux options : refermer le couvercle ou raconter l’histoire à son tour.